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Étiquette : poésie

NOTRE-DAME / Ossip Mandelstam

NOTRE-DAME

                poème d’Ossip Mandelstam (1912)

 

Où le Romain jugeait tout un peuple étranger,
Se tient la basilique – et joyeuse, première
Comme Adam, l’impondérable voûte croisée
Vient jouer de ses muscles et tendre ses nerfs.

Mais pourtant l’extérieur trahit son plan secret :
Les arcs-boutants puissants ont voulu être sûrs
Que le bélier de la voûte soit sans effet
Et la lourde masse n’écrase pas les murs.

Spontané labyrinthe, impensable forêt,
Abîme rationnel de l’âme si gothique,
Force de l’Égypte et chrétienne humilité,
Près du roseau le chêne, et l’aplomb – roi unique.

Mais plus j’examinais ton bastion, Notre-Dame,
Tes côtes monstrueuses et jamais domptées,
Plus je pensais : dans  la pesanteur qui nous damne
Je saurai à mon tour créer de la beauté !

                  Traduit par Henri Abril  (La Pierre, Circé 2003)

Chagall

Где римский судия судил чужой народ,
Стоит базилика,- и, радостный и первый,
Как некогда Адам, распластывая нервы,
Играет мышцами крестовый легкий свод.

Но выдает себя снаружи тайный план:
Здесь позаботилась подпружных арок сила,
Чтоб масса грузная стены не сокрушила,
И свода дерзкого бездействует таран.

Стихийный лабиринт, непостижимый лес,
Души готической рассудочная пропасть,
Египетская мощь и христианства робость,
С тростинкой рядом – дуб, и всюду царь – отвес.

Но чем внимательней, твердыня Notre Dame,
Я изучал твои чудовищные ребра,
Тем чаще думал я: из тяжести недоброй
И я когда-нибудь прекрасное создам.

 

2 commentaires

                Distiques, disent-ils…

     L’UNESCO ayant déclaré 2017 Année du Distique, j’apporterai mon humble mais sincère contribution en recueillant sur ce blog un ou deux distiques par semaine. Cela me semble être la juste mesure pour ne pas trop ajouter aux milliards de pages, aux myriades de mots qui tissent la Toile dans laquelle nous serons tous un jour ensevelis. Et aussi par hommage à Anton Tchekhov, en cette année du 157anniversaire de sa naissance, qui appelait à la « concision, sœur du talent ».

     Les distiques seront empruntés à des poètes de différentes langues, qu’ils aient été écrits et revendiqués comme tels ou soustraits par moi à un poème, susceptibles ainsi de faire sens et de vivre par eux-mêmes. Tel le Nez de l’assesseur Kovaliovdétaché de celui à qui le Créateur l’avait attribué. Il pourra s’agir aussi bien de distiques réguliers, comptés et rimés, que d’autres relevant du « vers libre » dans son acception la plus large. Avec de temps à autre, en supplément, une brève réflexion d’un poète sur la poésie.

     Puisque nous sommes sur un blog, j’invite d’éventuels passantes et passants à me proposer des distiques, dans les commentaires de ce blog ou par courriel (contact), qu’ils auront cueillis chez des poètes passés, présents ou futurs. Voire même des distiques qu’ils auront sept fois et sept fois fait tourner dans leur tête et sur leur langue avant de les envoyer.

   Bonne Année du Distique !

    P.S. Lointaine maintenant l’Année du Distique (toujours lisible ici néanmoins)…
  Il n’y aura plus que, de loin en très loin, quelques vers de circonstance.